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Association des anciens élèves de l'Ecole Navale

Recension à paraître dans le bulletin de l'AEN

Le premier voyage du jeune capitaine du trois-mâts Némésis Louis Aurélien, dit le Bachelier, nous entraîne dans l’histoire navale de la fin du XIXème siècle, à la veille de deux révolutions. L’une est technique, avec le développement de la vapeur et la disparition de la voile. L’autre est humaine. Elle a pour origine l’abolition de l’esclavage. Nous vivons les modifications profondes apportées par ces deux phénomènes sur la vie économique et sur celle des hommes qui en vivent, tant sur mer qu’à terre.

Notre jeune Louis rejoint l’Amérique latine, plus précisément le Brésil et l’éphémère république du Counani, si proche de la France, puis la mer des Caraïbes. Ce jeune et brillant marin arrive à Cuba au moment de l’effondrement de l’empire espagnol.

Ce récit très vivant retrace les tribulations d’un ancêtre de l’auteur, François Adrien, polytechnicien. Il connaît bien la marine qu’il a servi comme réserviste et en sa qualité d’auditeur de l’IHEDN.

Au-delà de ces aventures, nous sommes propulsés dans un vrai maelstrom qui relate la vie à bord des voiliers de commerce à la fin de ce siècle. Puis nous découvrons Cuba l’Eternelle, ses propriétés agricoles du XIXème à la veille de l’indépendance.

L’auteur retrace les rapports ambigus qu’entretiennent les occupants espagnols avec les colons, les planteurs, et les anciens esclaves. Il conte avec truculences l’attitude très habile des voisins américains, leur opportunisme et leur intervention dans le conflit. Le rôle des journalistes dans le suivi et la manipulation de l’opinion américaine est remarquablement documenté. Les joies, mais aussi la dure réalité politique, économique et militaire de cette période noire vécue par l’île ne sont pas occultées. L’auteur nous dépeint aussi bien les tactiques navales, que les camps de concentration espagnols. Il nous retrace la vie de vrais héros et … d’une héroïne qu’on aimerait rencontrer.

Toute la documentation rassemblée a permis à l’auteur de prendre du recul par rapport à ces anecdotes, pour nous faire pénétrer dans les divers milieux et dans les sites où de déroule l’histoire. Il faut lire le récit de la Cruce de los montes des insurgés cubains, ou celui du naufrage de l’USS Maine qui servira le prétexte à l’entrée en guerre de la marine américaine. Les pérégrinations d’Aurélien et de son héroïne Gabriela à travers l’île sont fabuleuses.

Un lexique très utile illustre ce roman bien construit et qui se lit d’une traite. A travers ce récit, vous découvrirez un monde disparu, et pourtant si proche, ainsi qu’un univers, pas si lointain, où la mythologie courrait sur les mers. Ne craignez pas d’aborder Némésis, la déesse de la vengeance, elle vous conduira à bon port !

 

Capitaine de Vaisseau Olivier COSTE (EN 71)